mercredi, décembre 31, 2008

An Nouveau

Pour la nouvelle année je vous souhaite du temps,
de prendre le temps
d'avoir du temps:

Du temps libre
du temps d'amour
du temps de grands vents
du beau temps
du temps d'orage
du temps de vendanges
du temps qui fuit
du temps qui joue contre lui-même
du temps qui fait son oeuvre
du temps réel
du temps voulu
du temps absolu
du temps qui se met au beau
du temps qui dure, mais pas de temps durs
du temps qui approche
tu temps que l'on gagne
du plein temps
du temps voulu
du temps et lieux
de ce temps là
du temps à autres
du temps économisé


je vous souhaite la nuit des temps, le temps variable et le temps de voir passer le temps qui passe.

vendredi, décembre 05, 2008

48 fois le bonheur


Depuis 2 jours, je me sens comme une enfant le matin de Noël; émerveillée de l'abondance des étrennes et épuisée d'émotions devant tant de trésors. Je recompte chacun des cadeaux, soulève le papier d'emballage pour en retrouver un petit égaré. Un sentiment de richesse et de bonheur quoi. Bien sûr ce n'est pas Noël et je ne suis pas tout à fait une enfant.,... mais le sentiment est le même, tout ça parce que : C'est arrivé près de chez vous.

C'est arrivé près de chez vous est l'évènement artistique de l'heure au Musée National des Beaux-Arts du Québec. Un évènement qui réunit 48 artistes en art actuel de Québec, qui sont soit nés ici, ou qui y ont vécu, ou encore étudié. Une splendide et généreuse exposition qui vient clore les activités du 400e anniversaire de la trèèèèès belle ville de Québec.

Le vernissage a eu lieu mercredi soir et le Musée était bourré, j'irais même jusqu'à dire; paqueté de monde. C'était absolument réjouissant de voir toute cette faune impertinente et parfois délinquante côtoyer les fidèles amis du Musée aux têtes blanches et aux tenues impeccables. Tout le monde s'entendait à merveille. C'était plein de jeunes enfants qui courraient partout et qui avaient un plaisir dément. Il y avait une atmosphère de party qui détonnait avec le sérieux des discours protocolaires. Je rigole en pensant à la tête du personnel qui servait le vin, ils n'ont jamais dû voire leur stock s'évaporer aussi vite!

Vous ne pouvez pas imaginer la jouissance ressentie devant l'envahissement du Musée par une masse de ces artiste "différents". Après l'article meurtrier d'un journaliste du Voir il y a presque deux ans, qui vilipendait toute la pratique de l'art actuel du fait de son interdisciplinarité, c'était comme un vent, que dis-je une bourrasque de fraîcheur. Et au-delà de l'électricité qui faisait vibrer l'air du grand Hall, nous attendaient les salles remplies des oeuvres. Un tour de force, une réussite glorieuse de la commissaire Nathalie Deblois, conservatrice en art actuel au MNBAQ et de son équipe.

C'est arrivé près de chez vous se déploie en 13 performances et en 75 oeuvres qui vont de la peinture à la photographie, en passant par la vidéo, l'installation et l'art audio. Un parcours divisé par thème qui évite plutôt bien les répétitions. Cette incursion dans l'univers de la création actuelle si vaste et hétéroclite nourrit les affamés de ce genre de création et peut aussi, je crois, allumer des néophytes curieux. L'exposition est tellement forte, qui sait, elle fera peut-être aussi quelques nouveaux convertis?
Bien sûr l'enthousiasme n'était pas unanime loin s'en faut. J'ai entendu des remarques comme:


  • Si c'est ça l'art astheure, c'est d'la marde

ou encore

  • Regardes, a l'a pris des photos avec un kodak brisé!
Évidemment l'art actuel possède son propre langage et sa propre esthétique et pour plusieurs l'utilisation de matériaux de récupération par exemple au lieu des matériaux dit : nobles est tout simplement totalement étrangère à leur conception de l'art et de l'esthétique. N'empêche qu'un évènement aussi important a le pouvoir de provoquer conversations et réflexions ce qui est après tout, un des objectifs majeurs de la pratique de l'art actuel.

Je vous fais grâce de la liste des artistes, vous pouvez visiter le site du MNBAQ pour ça. Je vous dirai simplement que Claudie Gagnon nous offre encore une série de tableaux vivants totalement déjantés, que BGL sont fidèles à eux-mêmes dans le ludique et le dérisoire, que Cooke-Sasseville ont des allures d'adolescents irrévérencieux (ce qu'ils sont d'ailleurs), que Raymonde April touche au coeur, que Yannick Pouliot charme et transporte, qu'Olivier Choinière nous entraîne dans une déambulation faussement ludique, qui nous bouleverse et nous émeut et que... que... que.... bien il faut aller voir, deux, trois fois plutôt qu'une.

Avec l'exposition sur les femmes dans l'art au 20e siècle que nous promet Esther Trépanier, la nouvelle directrice générale du Musée en plus de C'est arrivé près de chez vous, on va passer plein de belles journées au Musée.


Ha oui, j'oubliais presque: il y a un magnifique catalogue de l'expo que vous pouvez acheter pour la modique somme de.... ??? En tout cas c'est pas cher pour du beau.



photo haut de page: Yannick Pouliot LE COURTISAN, 2002

Photo bas de page: BGL JOUET D'ADULTE , 2003

mardi, décembre 02, 2008

Hélène et Betty


Ce matin j'ai le coeur très gros. Hélène Pedneault, la créatrice. la féministe, la journaliste, la femme engagée, passionnée et fidèle, Hélène donc est morte.

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, j'ai également appris la mort de Betty Goodwin . Betty Goodwin, graveuse d'art, sculpteure, peintre, artiste d'installations s'est éteinte à l'âge de 85 ans. Le rideau est tombé sur une vie touchante et bien remplie, une vie de création, de perte, d'amour. Elle nous laisse avec une oeuvre monumentale et si je suis triste d'apprendre sa mort, je sais que nous pourrons encore longtemps contempler ses créations, qui nous porteront au rêve , qui nous rempliront d'émotion.
La mort n'y peut rien.
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Hélène Pedneault est morte à 56, elle a mené pendant plusieurs mois un combat déterminé et enragé même, contre le cancer. Puis elle en a eu assez, trop fatiguée, elle s'est endormie.Cette créatrice nous laisse aussi toute une série d'oeuvres, des écrits, des biographies, des textes divers et surtout des coups de gueules, des piques qui nous ont empêché de trop souvent dormir sur nos lauriers.
Ce qui m'attriste le plus dans cette mort s'est évidemment la perte d'une voix retentissante et d'une plume acérée, mais c'est surtout le fait qu'Hélène disait l'an dernier, qu'après s'être beaucoup consacrée aux autres, elle prendrait les prochaines années pour réaliser ses propres projets. C'était l'année dernière.
Hier matin elle est morte.
Je suis bouleversée par l'idée que la maladie l'a terrassée avant qu'elle ne raconte ce qu'elle avait encore tellement envie de nous dire. Je suis troublée par l'idée que l'on peut passer notre vie à remettre à plus tard, la réalisation des projets qui nous tiennent à coeur pour finalement manquer de temps, mourir avant de dire, avant de faire.

Je ressens ce matin plus que jamais l'urgence de vivre, de faire les choses qui me semblent signifiantes et de laisser de côté les activités qui nous crèvent l'âme et nous tuent à petit feu. Je préfère vivre dans un grand flamboiement, comme Hélène, en espérant que j'aurai le temps...
Je vous laisse sur cette citation d'Hélène Pedneault, qui était aussi une indépendantiste convaincue et convaincante:

« Imaginez une belle grande toile humaine qui s'étend sur tout le territoire du Québec. Imaginez des milliers d'hommes et de femmes, dans chacune des villes dans le moindre petit village du Québec, formant un réseau d'antennes, branchées en en permanence sur la souveraineté. » - Hélène Pedneault, Conseil de la souveraineté du Québec